Heartlines de Pâques 2017

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En Février, j’ai écrit : Nous mourons. Et nous sommes en train de mourir. La vie, une longue expiration suivant le « gulp ! » initial qui met tout en marche. Et certains qui mènent une vie de château ne connaissent pas le prix du pain. D’autres brandissent des machettes et font irruption dans des centres commerciaux et des musées en criant « Allah Akbar ! ». En Mars et Avril, ils ont conduit des camions à travers des ponts et des gens. Certaines, en toute innocence, ignorent sincèrement qu’elles sont salariées de leur mari tandis que d’autres, en toute innocence, pensent que Dieu est de leur côté. Le reste d’entre nous sommes acteurs-spectateurs dans la comédie tandis qu’elle se déroule, jouant du mieux que nous pouvons nos petits rôles, fidèles aux vers de Shakespeare. Farce poétique ? Tragi-comédie ? La seule certitude c’est que la mort nous attend.

C’est aujourd’hui le dimanche de Pâques et je peux entendre les cloches tinter. Le Rabbin de la Synagogue Américaine à Paris, Tom Cohen, a envoyé un message de vœux au Pasteur de l’Eglise Américaine de Paris. Le pasteur a lu son message à la congrégation. Le frère ainé a tendu la main à son cadet. Le cadet a pris la main et a dit oui, merci. « Alleluya ! » Et la congrégation a repris en chœur « Halleluya ! ». Tant d’espoir dans mon cœur – tant de foi dans le pouvoir de l’amour pour surmonter tous les défis de la vie – tant de joie et de gratitude envers ceux qui montrent la voie, qui nous montrent comment nous comporter. Des petits gestes qui peuvent ouvrir un chemin dans le hubris et le tumulte de ce monde.

Elle a 87 ans. Sa fille la plus jeune a été assassinée il y a bien des années. Son assassin fut finalement arrêté 16 ans après l’événement. Sa dernière victime a pu s’échapper pour dire la vérité sordide. Et, comme la femme de 87 ans a dit et dit toujours que son œil à lui ne pourrait jamais ramener l’œil de son enfant, elle a renoncé à une justice vengeresse. Son mari ne le lui a jamais pardonné. Elle tricote des bonnets pour les bouteilles de jus de fruit « Innocent », enseigne la lecture aux illettrés et le Français aux étrangers. Le Christ se lève avec elle tous les matins et elle rend grâce à la vie qu’il lui reste. Son mari est mort, son frère aussi et une autre fille a été emportée par un cancer. Son visage rayonne d’amour quand son esprit se focalise sur sa foi en Dieu. Sa foi est tournée vers la vie, soutenue mais pas empoisonnée par les rituels de la tradition Catholique. Elle parle en pleine connaissance des deux testaments : l’ainé et le cadet, celui de la justice et de la droiture et celui de l’amour. Elle voulait travailler avec un coach pour « mettre les choses à leur juste place ». Et comment saurait-elle qu’elle aurait « mis les choses à leur juste place » ? Elle « attendrait avec plaisir la vie et l’amour qu’il lui reste à vivre ».

Les souhaits et les actions d’une dame âgée peuvent ouvrir un chemin dans le hubris et le tumulte du monde.

En ce jour, le 8ème jour, le nouveau jour, existe un appel à rompre avec les vieilles habitudes, à nettoyer la maison, à nous débarrasser de notre vieille peau, à changer le schéma familier de notre ego, à nous tenir grandi par la beauté de notre humanité, à surmonter la peur et la haine, à nous élever au-dessus du hubris et du tumulte du monde, à étreindre le monde en nous transformant, à faire sonner la cloche en proclamant : « Et la Haine n’aura pas d’empire ! »

Alors quand nous, en France, irons aux urnes dimanche prochain, puissions-nous voter non pas avec colère et résignation mais avec la conviction qu’une voix peut ouvrir un chemin dans le hubris et le tumulte du monde. Puissions-nous ne pas voter d’un point de douleur ou de croyance en la grandeur d’un passé mythique mais plutôt d’un point d’espoir que nos voix comptent vraiment ; que nous avons vraiment besoin les uns des autres et que les frontières de nos cœurs n’ont pas de limites.

Et, tandis que je vous souhaite toute la joie possible en ce dimanche de Pâques, je demande : « Qui aurait été cet Homme sans celui qui est venu pour le trahir ou sans celui qui l’a renié ou sans celui qui a douté de lui ou sans ceux qui ont raconté son histoire ? » « Qui aurait-Il été sans la Femme qui l’a porté ou les femmes qui l’ont aimé et qu’1l a aimées ? »

S’il-vous-plait, pensez à quelqu’un que vous avez rencontré dont les gestes, petits ou grands, ont ouvert un chemin dans le hubris et le tumulte du monde, quels que soient leur foi ou leur agnostisme ; quelqu’un qui a élevé sa tête plus haut que son nombril pendant assez de temps pour percevoir ses frères et sœurs humains comme dignes d’amour et de respect.

Lynne

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